Une collection de COVID unique : Des milliers d’échantillons sont conservés à Saguenay et nous aident à mieux comprendre le coronavirus

PHOTO AGENCE QMI, ROGER GAGNON

Écrit par : Martin Ayotte

SAGUENAY | Le Québec dispose d’un redoutable instrument pour étudier la pandémie : une biobanque unique au monde cachée dans les profondeurs de l’arrondissement de Chicoutimi où sont conservés la majorité des échantillons positifs de la COVID-19.

« Quand on voit 700 nouveaux cas de COVID aux nouvelles, ça veut dire que 700 nouveaux tubes vont arriver ici éventuellement », explique le Dr Luigi Bouchard, directeur scientifique de la biobanque Génome Québec et CIUSSS Saguenay–Lac-Saint-Jean, en ouvrant la porte d’un immense congélateur réglé à – 80 degrés Celsius.

Sur ses tablettes givrées se trouvent des dizaines de boîtes, remplies de centaines d’échantillons inactifs (non dangereux) de coronavirus identifiés par un code-barre.

Chaque congélateur en contient 50 000, pour un total d’un peu plus de 262 000, actuellement.

Cette véritable archive de la pandémie a été constituée à partir des tests positifs issus des centres de dépistage partout au Québec.

« On a presque 100 % des échantillons positifs [avec une charge virale suffisamment élevée]. À notre connaissance, aucun autre pays n’a réussi à faire ça », s’enthousiasme le professeur-chercheur en biochimie et en génomique aux lunettes rondes.

On ne sait pas encore exactement combien de temps ils seront préservés, mais chose certaine, ce sera pour longtemps.

Les secrets de la propagation

Cette collection de virus a un potentiel immense pour la recherche, fait remarquer le Dr Bouchard, mais on se contente de l’utiliser à des fins de santé publique pour le moment.

La biobanque se révèle particulièrement utile pour analyser les éclosions après coup – par exemple celles impliquant un nouveau variant ou un événement superpropagateur.

C’est que le séquençage génétique des échantillons décongelés permet la création d’un « arbre généalogique » pour comprendre comment le virus s’est propagé.

« On ne sait pas à l’avance que ces échantillons seront intéressants et, sans la biobanque, ils seraient probablement jetés », explique Sandrine Moreira, responsable de la coordination de la génomique et de la bio-informatique au Laboratoire de santé publique du Québec.

Des murs de glacières

Dans cette banque du biologique, la charge de travail – et la provenance des virus – a varié selon les vagues de contamination dans la province.

Au plus fort de la pandémie, l’établissement recevait des « murs de glacières » contenant des milliers de tubes à traiter, se souvient la leader technique, Nancy Tremblay.

La classification minutieuse de ces tubes représente un véritable travail de moine pour les cinq employés à temps plein de la biobanque, qui travaillent dans l’ancien gymnase du monastère des Augustines.

C’est un peu grâce à eux que le Québec aura toute la matière première pour tenter de percer les mystères de cette pandémie.

« On est très fiers que notre région contribue directement à l’effort collectif dans la lutte à la COVID », souligne le Dr Bouchard, un natif de la région du lac Saint-Jean.


UNE BIOBANQUE QUI A UN PASSÉ RELIGIEUX

 
Les chercheurs en génomique doivent une fière chandelle à la communauté religieuse des Augustines, aussi étonnant que cela puisse paraître.

Il y a bientôt 15 ans, la congrégation a fait don de locaux dans son ancien monastère pour héberger une biobanque, à quelques pas de l’hôpital de Chicoutimi qu’elles ont fondé en 1884.

« On a compris qu’on pouvait vraiment rendre service. C’était pour le bien de la population, et dans le domaine de la santé », raconte sœur Angèle Bergeron, qui a convaincu ses consœurs de céder leur gymnase et leur allée de quilles aux scientifiques en 2008.

Après une transformation radicale, ces espaces ont été aménagés pour préserver pendant 50 ans les échantillons du projet de recherche CARTaGENE, qui scrute les habitudes de vie de 43 000 Québécois.

D’autres types d’échantillons se sont ajoutés au fil du temps, et la biobanque sert aujourd’hui à conserver précieusement les traces du coronavirus qui a infecté les Québécois.

La santé avant tout

Malgré la distance qui sépare parfois la science de la religion, sœur Bergeron est d’avis que les objectifs de la biobanque ont toujours correspondu à la mission des Augustines.

Après tout, elles ont fait de la santé leur priorité et sont à l’origine de pas moins de 12 hôpitaux dans la province, dont cinq au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Or, si sœur Bergeron ne s’est pas fait prier pour s’impliquer dans le projet de la biobanque à l’époque, d’autres se sont montrées plus réticentes à l’idée.

« Il y en a qui [avaient l’impression que] c’était le monde qui rentrait chez nous », se rappelle la religieuse qui aura 93 ans demain.

C’est une réaction tout à fait normale dans une communauté qui est restée semi-cloîtrée jusqu’en 1965, selon elle.

La main de dieu

La congrégation a continué à habiter son monastère jusqu’en 2019, avant d’emménager non loin, chez les sœurs du Bon-Pasteur.

Les 12 d’entre elles toujours en vie, dont la plus jeune a 81 ans, tirent une grande fierté d’avoir pu contribuer à faire avancer la science à leur manière.

« Notre participation a été fondamentale. Ça devait être planifié depuis en haut », dit sœur Bergeron, avec un sourire en coin et les yeux pétillants, bien assise dans sa chaise berçante.

Tout un classement

Avant d’être rangé au froid pour les années à venir, chaque échantillon doit être répertorié dans le système informatique à l’aide d’un code-barre.

« On lui donne une adresse pour ne pas le chercher pendant une semaine », résume le Dr Luigi Bouchard, en riant.

Depuis sa fondation en 2008, la biobanque Génome Québec et CIUSSS Saguenay–Lac-Saint-Jean a ainsi classé plus d’un million d’échantillons selon les besoins des chercheurs : sang, urine, cheveux... et coronavirus depuis l’an dernier.

Bien au froid

Des centaines de milliers d’échantillons de la biobanque sont préservés dans une trentaine de puissants congélateurs à -80 °C.

Ils sont tous reliés à une génératrice et à un système d’alarme qui se déclencherait si jamais la température se mettait à baisser.

Dans les vapeurs

La biobanque conserve certains échantillons, comme du sang, dans la vapeur d’azote liquide, à -190 °C.

La température est tellement polaire qu’il faut revêtir des mitaines spéciales pour les manipuler.

« Plus c’est froid, mieux on conservera les éléments constituants de l’échantillon à long terme », résume le Dr Luigi Bouchard, à la tête de la biobanque.

Une sœur emballée par le projet

Sœur Angèle Bergeron a longtemps servi d’intermédiaire entre le conseil des sœurs Augustines de la Miséricorde de Jésus de Chicoutimi et les instigateurs de la biobanque pour mener à bien ce projet.

Des années après l’inauguration des installations, la religieuse nonagénaire est toujours aussi enthousiaste en parlant des retombées de ce projet pour la santé des Saguenéens et des Québécois. 

 

 

Source : Journal de Montréal │ Nora T.Lamontagne




Dernière mise-à-jour de l'article : Dimanche 30 mai 2021 à 11:23:03

Écrit par : Martin Ayotte



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