Un an de pandémie en culture: «Ç’a été un choc, un cauchemar pour tout le monde», dit la ministre Nathalie Roy

PHOTO STEVENS LEBLANC

Écrit par : Martin Ayotte

On peut se préparer à bien des tempêtes lorsqu’on entre en politique, mais la priorité n’est certainement pas de se préparer à une éventuelle pandémie mondiale. Le 14 mars 2020, journée où l’interdiction de tout rassemblement allait secouer le milieu de la culture au complet pour les mois à venir, Nathalie Roy confie avoir vécu «un cauchemar».

Assise dans son bureau de Grande Allée, presque un an jour pour jour après que l’industrie culturelle s’est effondrée, la ministre de la Culture et des Communications se remémore les premiers moments de la pandémie, auxquels elle assistait incrédule, quelques jours à peine après avoir déposé un budget record pour la culture.

«On ne réalise pas l’ampleur, et on se dit : voyons, ça n’a pas d’allure, confie-t-elle au Journal. On ne peut pas tout arrêter. On a été élu, on s’implique en politique pour que les choses avancent, pour que ça marche, pour soutenir le milieu en culture, et là, tout arrête. C’est surréaliste. [...] Ç’a vraiment été un choc, un cauchemar éveillé pour tout le monde.»

Au début de la crise, l’ancienne journaliste et avocate a été critiquée pour avoir mis du temps à paraître impliquée et investie dans son secteur, pourtant un des plus durement touchés. Ce n’est que presque un mois après le début de la crise, soit le 6 avril, qu’elle annonçait un soutien financier d’urgence à un millier d’entreprises culturelles. «J’ai envoyé 50 % de tout le financement qu’elles reçoivent d’habitude sachant qu’il ne pouvait pas fonctionner, qu’il ne se passerait rien».

Si Nathalie Roy «comprend» les critiques, elle se défend d’avoir «emboîté le pas rapidement», en multipliant les réunions virtuelles avec les intervenants du milieu, et ce, tous les jours, pour connaître leurs besoins. Des rencontres qu’elle tient toujours aujourd’hui et qui lui ont démontré la «résilience» et «l’infatigable créativité» du milieu.

Elle explique son absence au-devant des projecteurs comme une «stratégie de communication», et elle se dit «plus que consultée» dans toutes les décisions prises par la Santé publique et le gouvernement qui touchent son ministère.

«Effectivement, je n’étais pas présente sur les plateaux, mais j’étais très présente au téléphone, relate-t-elle. [...] Au début, le Québec se plaçait en état d’urgence sanitaire. La préoccupation numéro un, c’est la santé du monde et sauver des vies. Alors il est très normal que les premiers ministres que l’on voit sont les ministres qui traitent de la santé.»


«Ce n’est pas parfait»


Avec son Plan de relance économique de 400 millions $, dont 250 millions $ d’argent frais, annoncé le 1er juin, Nathalie Roy se targue d’avoir soutenu «tout le monde» et porté «l’écosystème à bout de bras». Parmi les mesures phares, notons une aide de 51 millions $ qui a permis aux plateaux télé et cinéma de garantir les tournages en cas d’éclosion, mesure qui vient d’être allongée de 64 millions $ supplémentaires.

Son fameux appel aux artistes «réinventez-vous» n’a pas plu à tous, mais a néanmoins fait naître des dizaines de nouveaux projets culturels numériques. Cela dit, pour beaucoup d’artistes et artisans ayant le statut précaire de travailleur autonome, se réinventer voulait dire se réorienter.

A-t-elle vraiment l’impression d’avoir aidé tout le monde? «Il n’y a rien de parfait, concède-t-elle. Ce sont des mesures d’urgence. Elles étaient en parallèle avec les mesures du fédéral. La PCU [prestation canadienne d’urgence] a, je pense, joué un rôle extrêmement important. Les artistes, souvent, sont des travailleurs autonomes et n’ont pas droit au chômage. [La PCU] venait pallier le manque de revenus.»

Lorsqu’elle regarde en arrière, est-elle satisfaite de son bilan de la dernière année? «On peut toujours faire mieux, mais oui, dans la mesure où on a sauvé l’écosystème jusqu’à présent.» Elle souligne que les entreprises qui ont fait faillite dans le milieu culturel sont «éminemment rares».

«Ce que je retiens surtout de cette expérience, c’est que les Québécois ont une soif pour leur culture, qu’ils en sont fiers et qu’ils ont été à même de constater à quel point elle leur a fait du bien durant la dernière année.»


LE PLAN DE RELANCE EN CULTURE A SOUTENU PLUS DE :

2000 organismes et entreprises culturels
1900 projets
6000 représentations, dont 4700 ayant fait l’objet d’une aide financière dans le cadre de la mesure de soutien à la diffusion de spectacles québécois (50 M$).

 
LA MESURE D’AIDE À LA BILLETTERIE DE 50 MILLIONS SERAIT PROLONGÉE
Bonne nouvelle pour les arts de la scène : la mesure d’aide de 50 millions $ qui permet de compenser les revenus de billetterie qui ne pourraient être réalisés entre le 1er octobre et le 31 mars en raison de la fermeture des salles et de la réduction des jauges serait reconduite dans le prochain budget provincial dévoilé le 25 mars prochain.

Jusqu’à présent, cette mesure a soutenu financièrement 4700 représentations. Il s’agit d’une mesure essentielle pour que la présentation des spectacles en jauge réduite partout dans la province puisse continuer. Plusieurs diffuseurs s’inquiètent de son échéance, qui arrive à grands pas.

«La réflexion est plus que faite» quant à la prolongation, ou non, de cette mesure, soutient la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy.

Elle croit avoir convaincu le ministre des Finances, Éric Girard, de l’intégrer à son prochain budget dont les détails seront connus le 25 mars. «Je ne peux pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, dit-elle. Je ne peux pas annoncer les mesures du budget avant.»


Elle soutient que les diffuseurs lui avaient demandé de prolonger cette demande. Bien qu’elle ne puisse leur confirmer maintenant, elle leur dit : «lisez entre les lignes. Je suis bien confiante d’avoir convaincu le ministre des Finances, dit-elle, mais je pense qu’il était déjà convaincu de l’importance de cette mesure.»

LES FESTIVALS CET ÉTÉ
La ministre Nathalie Roy n’ose affirmer qu’il y aura des festivals cet été. Pour elle, il est encore trop tôt. «Entre vous et moi, si l’été ressemble à l’été dernier, je pense qu’il y aura peut-être une possibilité d’être à l’extérieur et d’avoir des événements, avance Nathalie Roy. Mais je ne veux pas spéculer.»

Serait-elle favorable à un «passeport vaccin» pour les festivals? «Je sais que c’est quelque chose que mon collègue Christian Dubé examine. Naturellement, je vais lui laisser le temps de l’analyser comme il faut et de se prononcer en temps et lieu.»

LA PLACE DE LA CULTURE DANS LE PROCHAIN BUDGET PROVINCIAL
Malgré les sommes mirobolantes d’argent frais injectées en juin, le prochain budget provincial en culture ne sera pas diminué, affirme Nathalie Roy. Dans le budget déposé avant la pandémie, le ministre Girard promettait 457 millions sur cinq ans en culture, un record. «J’ai l’assurance que les sommes [déjà prévues l’an passé] sont protégées. [...] On sait que la pandémie a coûté très cher à l’État, mais la place de la culture sera encore prédominante», soutient Nathalie Roy.

L’AVENIR DES SPECTACLES VIRTUELS
La ministre Roy assure qu’elle a assisté à quelques spectacles virtuels. «Ça ne remplacera jamais une expérience en personne. Mais c’est un outil que j’ai voulu développer il y a plus d’un an, pour permettre à notre industrie culturelle d’aller chercher de nouveaux spectateurs ailleurs, au Japon, en France, en Italie, partout où il y a des gens qui sont intéressés. Je pense que cet outil-là va rester. Je le souhaite, parce que ça va donner plus de revenus aux artistes, et c’était le but.»


LA SECONDE FERMETURE DES SALLES
Après une période de réouverture de quelques semaines qui amenait un vent d’espoir sur le milieu des arts vivants, une seconde fermeture a été annoncée à la fin septembre. Récemment, des avis écrits rendus publics ont révélé que la Santé publique avait recommandé la réouverture des salles de spectacles, musées et bibliothèques aussi tôt qu’en novembre, ce qui n’a pas été autorisé par le gouvernement.

Nathalie Roy explique qu’elle a pris part à cette décision après avoir pris le pouls des diffuseurs.

«Lorsque la Santé publique a dit qu’on pourrait rouvrir les salles, il y a une donnée très importante : elle a dit avec seulement 25 spectateurs, rappelle-t-elle. Il y a eu un tollé du milieu. Ce sont les salles elles-mêmes qui m’ont contactée pour me dire qu’il n’est pas question qu’elles ouvrent avec 25 personnes. Si théoriquement, sur papier, ça aurait été possible selon la Santé publique, humainement et économiquement, c’était non viable.»  

 

 

Source : Journal de Montréal │ Sandra Godin




Dernière mise-à-jour de l'article : Dimanche 14 mars 2021 à 13:16:17

Écrit par : Martin Ayotte



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