Le système de paie Phénix encore détraqué

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Écrit par : Martin Ayotte

Le système Phénix continue de faire des siennes. Malgré sa démission en octobre 2019, un ancien fonctionnaire a continué de recevoir des talons de paie à 0 $ où des avantages étaient toutefois versés par l’employeur, des sommes sur lesquelles il doit aujourd’hui payer de l’impôt.

Dominique Matte n’en revenait tout simplement pas quand il a reçu un relevé du gouvernement fédéral pour son rapport d’impôt 2020. La dernière journée de travail du montréalais pour le ministère de l’Environnement remonte pourtant à octobre 2019.

En consultant le relevé, il réalise qu’il doit ajouter à sa déclaration un montant de 1360$ en divers avantages sociaux, sur lequel 960,24$ provient d’une cotisation versée par l’employeur pour une assurance maladie.

«Ça me frustre de savoir que depuis un an, les contribuables canadiens paient pour une assurance dans le vide parce que je ne suis plus à l’emploi et qu’en plus, au bout du compte, moi je paye de l’impôt dessus», s’indigne M. Matte.

Fausse déclaration?

Après plusieurs tentatives de faire corriger le tout auprès des gestionnaires du système de paie Phénix, l’ingénieur s’est tout simplement fait dire qu’il devait ajouter le montant à sa déclaration.

Il a refusé, qualifiant le tout de fausse déclaration puisqu’il n’a jamais touché ces revenus.


«Ça ne fait tout simplement pas de sens que je sois imposé sur un revenu que je n’ai pas eu. Tant qu’à moi, c’est aussi illégitime que quelqu’un qui éviterait de déclarer certains revenus pour éviter l’impôt. Ça fonctionne dans les deux sens», soutient Dominique Matte, qui estime à environ 600$ le montant qui lui serait amputé.

«Ce n’est pas la fin du monde. Mais Phénix, ça a été une grosse histoire. On voyait du monde qui était sur le bord de la faillite parce qu’ils n’avaient pas de paie. C’est frustrant de voir que ça continue», ajoute-t-il.

En plus de ce problème, Dominique Matte attend toujours quelque 3400$ de la part du fédéral en lien avec le fiasco de Phénix. Des journées de vacances toujours en banque et une semaine de paie ne lui ont jamais été versées après son départ en octobre 2019.

Rien d’étonnant pour les syndicats

Le montréalais se demande aujourd’hui combien de personnes sont dans sa situation. Il invite les anciens employés du fédéral à être attentifs.

«Dans l’ensemble de la machine fédérale, il y en a eu combien des démissions, des renvois, des décès? Combien ont continué à recevoir des talons de paie où étaient prélevés des montants? On a payé combien en assurances dans le vide», se questionne Dominique Matte.

Dans les deux principaux syndicats fédéraux, on précise ne pas avoir entendu parler d’autres cas identiques à celui de M. Matte, mais personne ne s’étonne de ces nouveaux déboires.

«Ça fait cinq ans qu’on vit sous la torture de Phénix, plus rien ne nous étonne», lance Johanne Filion, porte-parole de l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC).

Même constat à l’Alliance de la fonction publique du Canada, où le responsable de la section Québec qualifie ce genre de situation d’aberration.

«On a des problèmes de 2016, de 2017 qui ne sont toujours pas réglé. Et là on réalise qu’on continue d’en ajouter sur le tas», déplore Yvon Barrière.

Source : Journal de Montréal │ Pierre-Paul Biron

Dernière mise-à-jour de l'article : Lundi 15 mars 2021 à 10:51:18

Écrit par : Martin Ayotte